La prospective énergie-climat à l’horizon 2040

Dessiner et partager la trajectoire énergétique et climatique bretonne, c’est l’une des missions de la Conférence Bretonne de la Transition Énergétique (CBTE). L’objectif : alimenter les stratégies énergétiques régionales pour limiter le changement climatique. Afin de déterminer la manière d’y parvenir, la CBTE a confié à un Groupe d’analyse et de contribution (GAC) un travail technique de prospective énergétique et climatique à l’horizon 2040.

Suite à la loi du 7 août 2015 portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République (loi NOTRe), les enjeux associés au climat, à l’air et à l’énergie, traduits dans le Schéma Régional Climat Air Énergie (SRCAE), doivent désormais être intégrés dans un schéma plus large traitant des différentes politiques de développement durable : le Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires (SRADDET).

Cette échéance réglementaire nécessite de retravailler les objectifs du mix énergétique et les scénarios bretons du SRCAE -dont le travail de prospective portait sur les horizons 2030 et 2050- en ajoutant une échéance à 2040. Les membres de la CBTE, ont décidé le 29 novembre 2017 de s’emparer de cette obligation réglementaire pour travailler de façon concertée sur des scénarios énergétiques et climatiques permettant de définir à l’horizon 2040 une trajectoire ambitieuse et réaliste.

En Bretagne, l’élaboration du SRADDET s’inscrit dans une démarche plus globale, la Breizh Cop, dont les 38 objectifs ont été votés en session du Conseil régional de décembre 2018. Ceux-ci fixent pour l’énergie et le climat une trajectoire ambitieuse de réduction des émissions de GES de 52% à l’horizon 2040 par rapport aux émissions de 2012. Cette trajectoire correspond à la transcription bretonne des objectifs nationaux de Facteur 4 de la SNBC.

1 – Méthodologie et calendrier

Les membres de la CBTE ont confié les travaux de prospective à un Groupe d’Analyse et de Contributions piloté conjointement par la Région, l’État et l’ADEME et composé des gestionnaires de réseaux électriques et gaziers (RTE, Enedis, GRTgaz, GRDF) et de l’Observatoire de l’Environnement en Bretagne. Accompagné par un bureau d’étude pour la réalisation de cet exercice, le GAC a pour mission d’élaborer un travail prospectif technique qui sera partagé avec les membres de la CBTE puis remis aux élus régionaux.

L’outil de modélisation énergie-climat utilisé pour ces travaux permet de caractériser des actions par secteur avec un niveau de déploiement. L’outil génère des trajectoires qui pourront être suivies et amendées dans le temps, et comparées avec les réalisations effectives des territoires.

Les hypothèses intégrées dans l’outil (type d’actions, niveau de déploiement…) ont été réalisées en co-construction avec les acteurs sur la base d’une expertise locale (Groupes de Travail d’experts locaux et nationaux et avec plusieurs temps d’appropriation et de débat avec les acteurs du territoire via le réseau des Plans Climat Air Energie Territoriaux et les acteurs de la CBTE).

Phase 1 – Mai-Juin 2018 : Lancement de la démarche

Phase 2 – Juillet-septembre 2018 : Consolidation du diagnostic

Phase 3 – Septembre 2018-mai 2019 : première phase de définition des scénarios

Phase 4 – Juin 2019 : consultation des membres de la CBTE

Phase 5 – Juillet 2019 – Septembre 2019 : seconde phase de définition des scénarios

Phase 6 –  Septembre 2019 : Intégration des scénarios au SRADDET

2 – Le diagnostic énergie-climat breton

Les éléments saillants du diagnostic

Les consommations
  • Une baisse de la consommation d’énergie constatée entre 2000 et 2015 portée par la baisse de consommation des produits pétroliers, principalement dans les secteurs du bâtiment et des transports MAIS une consommation de produits pétroliers au-dessus du niveau national
  • Une consommation d’électricité en hausse entre 2000 et 2015 avec une stagnation sur la dernière période
  • 15% du chauffage se fait encore au fioul ou au GPL domestique
  • Des pics de consommation électriques sont élevés et ont une tendance à la hausse
Les productions
  • La production locale électrique augmente grâce au développement de l’éolien terrestre MAIS la Bretagne reste fortement dépendante des imports d’électricité (85% de l’électricité importé en 2016)
  • Du fait de son attractivité et de sa croissance économique et démographique supérieures aux moyennes nationales, la Bretagne peine à décarboner son énergie
Les gaz à effet de serre (GES)
  • L’agriculture est le premier poste d’émissions de GES, puisqu’il représente 47% des émissions totales, suivi par le secteur du transport (27%) et celui du bâtiment (19%)
  • 46% des émissions totales directes sont non-énergétiques (non liées à une consommation ; ex : protoxyde d’azote des engrais, méthane, fluides frigorigènes…)
Les polluants atmosphériques
  • Les émissions de polluants en Bretagne sont en baisse depuis 2008, mais les oxydes d’azote et particules fines restent au-dessus des moyennes nationales, du fait de la mobilité importante des bretons et d’un secteur agricole très présent sur le territoire

Le rapport du diagnostic

Le rapport complet de la consolidation du diagnostic énergie-climat de la Bretagne est disponible ici en téléchargement.

3 – Les travaux de prospective énergétique et climatique de la Bretagne à l’horizon 2040

Les trajectoires 

La commande assignée au GAC et au bureau d’études consistait à produire 3 trajectoires comme suit :

TENDANCIELLE => prolongation des effets observés actuellement sans engagement supplémentaire de la part des acteurs bretons.

SANS RUPTURE => des actions volontaristes sont menées en fonction du potentiel et des leviers bretons et nationaux mobilisables sans rupture majeure.

TRANSITION => transcription bretonne du scénario facteur 4 de la Stratégie Nationale Bas Carbone qui consiste à diviser par quatre les émissions de GES de la France à l’horizon 2050 par rapport à ses émissions de 1990.

  • C’est cette trajectoire qui a été inscrite dans les objectifs de la Breizh Cop votés en session du Conseil régional en décembre 2018.

Comment calcule-t-on la trajectoire « Facteur 4 » de la Bretagne ?

La Stratégie Nationale Bas-Carbone adoptée et publiée fin 2015 consiste à engager la France à diviser par 4 ses émissions de GES en 2050 par rapport à 1990 (le Facteur 4). Les objectifs de la SNBC ne sont pas territorialisés mais déclinés par secteur de manière différenciée :

Dans les travaux prospectifs bretons, nous avons pris en compte la répartition sectorielle des GES en Bretagne et appliqué des objectifs de réduction par secteur; il résulte ainsi un objectif de diminution d’environ 65% des émissions GES en Bretagne entre 2012 et 2050, soit une division par 2 des GES en Bretagne à l’horizon 2040, horizon du SRADDET.

La démarche de scénarisation

Une fois la trajectoire déterminée, le scénario pour atteindre ces objectifs a été élaboré en recherchant le plus précisément possible les actions à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs à l’horizon 2050. Cette étape s’est basée sur des hypothèses d’actions à mettre en œuvre (ex : aux horizons 2030, 2040 et 2050, on définit le nombre de rénovations énergétiques à réaliser). Les hypothèses d’action régionales sont déclinées par secteur (MDE, agriculture, transports et mobilité, production d’énergie). Les hypothèses les plus structurantes des travaux de scénarisation ont été discutées lors des ateliers de la Conférence Bretonne de la Transition Energétique du 6 décembre dernier (restitution en téléchargement).

Une fois les hypothèses déterminées, certaines actions ont été priorisées pour atteindre les objectifs du scénario « TRANSITION F4 ». Ce travail itératif conduit à réajuster les objectifs ; c’est pour cela que les objectifs bretons du scénario « TRANSITION F4 » par secteur ne sont pas exactement les mêmes que ceux de la SNBC :

 

Les résultats

Les premiers résultats des travaux de scénarisation ont été présentés en Conférence Bretonne de la Transition Énergétique du 6 décembre 2018. La première phase de définition de ces scénarios est terminée, trois livrables ont été produits et sont disponibles en téléchargement :

Ces trois documents sont portés à consultation des membres de la CBTE, jusqu’au 4 juillet.

La méthodologie de contribution à la seconde phase de définition des scénarios est la suivante : pour toute proposition de modification d’une hypothèse de scénarisation, la contribution devra se composer :

  • d’une explication du désaccord avec l’hypothèse pour laquelle vous souhaitez proposer une contre-expertise ;
  • d’une nouvelle proposition d’hypothèse chiffrée dans la même unité de mesure que celle utilisée pour la scénarisation ;
  • d’une justification de la légitimité de la nouvelle hypothèse proposée et de ses sources.

A l’issue de la période de consultation, les scénarios seront retravaillés grâce aux contributions des membres de la Conférence.  

4 – Le lien avec les PCAET

Le plan climat air énergie territorial (PCAET), document-cadre de la politique énergétique et climatique des collectivités, constitue un projet territorial de développement durable dont la finalité est de définir des objectifs stratégiques et opérationnels afin d’atténuer le changement climatique et de s’y adapter.

Les objectifs et priorités doivent prendre en compte la Stratégie Nationale Bas Carbone et être compatibles avec le Schéma Régional Climat Air Energie (SRCAE) et le futur SRADDET (Schéma d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires) qui sera finalisé fin 2019 et adopté courant 2020.

La construction des objectifs des PCAET peut s’appuyer sur les ratios des objectifs énergie-climat du SRADDET pour déterminer par secteur l’effort à conduire sur son territoire afin d’atteindre collectivement les objectifs nationaux et régionaux, en solidarité avec les autres territoires. Ces modes de calculs sont à adapter en fonction des spécificités et des priorités du territoire.

Dans le cadre de la stratégie Ambition Climat Énergie, l’État, l’ADEME et la Région accompagnent les territoires pour accélérer les transitions en Bretagne, en veillant à la cohérence entre les différents exercices de planification. Différentes modalités sont proposées :

  • Accompagnement et suivi individualisé
  • Accompagnement collectif : ateliers de travail, journées thématiques (retours d’expériences, apport d’expertise), mobilisation des élu·e·s, ressources et échanges sur la plateforme collaborative Liamm
  • Promotion des PCAET dans les autres réseaux
  • Formations, webinaires
  • Offre de données territorialisées Climat – Air – Énergie
  • Appels à projets pour accompagner les actions de transition