L’éolien en Bretagne

Par la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015, la France a réaffirmé son engagement dans le développement des énergies renouvelables en portant son objectif à 32 % de la consommation finale brute d’énergie en 2030 (soit 40 % de la production d’électricité). L’éolien tient un rôle essentiel dans la politique de développement des énergies renouvelables en France avec une programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), approuvée par le décret du 21 avril 2020, qui fixe pour objectif d’installer entre 33 200 MW et 34 700 MW de puissance éolienne terrestre d’ici fin 2028. La PPE sera révisée à l’horizon 2025. L’investissement dans l’éolien reste un sujet majeur, car avec l’électrification massive de nos usages, notamment des transports, les besoins en électricité vont augmenter d’au moins 50 % d’ici 2050.

Contexte historique du développement de l’éolien en Bretagne

En Bretagne, le développement de l’éolien a connu une croissance notable entre 2000 et 2010. Les parcs éoliens bretons se sont naturellement développés dans les zones les plus ventées et les moins contraintes. Cependant, le développement connaît depuis quelques années un net ralentissement, depuis l’obligation de respecter une distance de 500m aux habitations. A l’heure où la quasi-totalité du potentiel des zones les plus faciles d’accès est désormais mobilisé, le volume total est bien inférieur à l’objectif 2030 fixé dans le SRADDET, à savoir la production de 6 000 GWh. A titre comparatif, en 2021 les parcs éoliens bretons ont fourni 2 000 GWh.

Source : Open data Energie

Un autre enjeu vient s’ajouter aux précédents cités : le renouvellement du parc éolien. Les éoliennes bretonnes sont vieillissantes et un certain nombre doit être renouvelé, mais environ la moitié des mâts sont à moins de 500m des habitations et beaucoup se situent dans des zones où des radars militaires sont présents. Ces 2 facteurs empêchent le renouvellement avec des éoliennes plus hautes et plus productives. Pourtant, ce marché dit du « repowering » pourrait figurer parmi les nouveaux ressorts économiques visés, l’enjeu étant de conserver a minima la puissance éolienne existante et idéalement de l’augmenter.

Ces dernières années, l’implantation de nouveaux parcs éoliens a par ailleurs cristallisé des oppositions en Bretagne. L’acceptabilité sociale des projets éoliens par les citoyens est pourtant essentielle pour réussir la transition énergétique et tendre vers l’autonomie énergétique, notamment dans un souci de contribution nationale. Un besoin de pédagogie sur l’éolien a été identifié. Pour mieux saisir ces enjeux, la Région Bretagne et l’Etat ont réalisé un film expliquant l’éolien aux citoyens.

La feuille de route éolien

Face à ces différents facteurs qui limitent le développement des projets éoliens, la Conférence bretonne de la transition énergétique (CBTE) a engagé un travail collectif pour bâtir un véritable projet de dynamisation de l’éolien terrestre en Bretagne. Ce projet avait pour ambition de concilier les engagements nationaux dans la COP21, les contraintes et obligations réglementaires en matière de développement des énergies renouvelables et les enjeux de solidarités énergétiques des territoires.

En 2016, la CBTE a constitué et sollicité un Groupe d’analyses et de contributions (GAC) sur l’éolien terrestre, qui faisait suite au groupe de travail sur l’éolien, pour proposer une contribution à l’élaboration d’une feuille de route éolien terrestre pour la Bretagne. Celle-ci a été finalisée en 2018, après 2 ans de consultation et de concertation. Elle s’intitule « AVEL BREIZH 2030 : UN NOUVEAU SOUFFLE ÉOLIEN EN BRETAGNE ».

Cette feuille de route revient sur la nécessité d’une meilleure implication des Bretons et Bretonnes concernant les projets éoliens. L’implication des riverains, plus globalement des citoyens, mais également celle des collectivités (commune d’implantation et EPCI) très en amont permettent de réduire les risques d’enlisement et de concertation difficile, qui ont été évoqués précédemment.

La feuille de route éolien ambitionne également la réduction du temps long de réalisation d’un parc éolien. Aujourd’hui, la mise en place d’un parc éolien s’étale sur 5 à 10 ans. La réduction des phases de développement en amont, des phases administratives, puis des phases juridiques sont autant de marges de progrès qu’il convient collectivement d’atteindre dans le respect des dispositions législatives et réglementaires en vigueur. Un dispositif de concertation préalable obligatoire en amont de l’enquête publique a d’ailleurs été mis en place par le législateur pour améliorer les conditions de dialogue autour des projets.

Enfin, l’objectif majeur de cette feuille de route sur l’éolien est la massification de la filière et des projets. Le développement de l’éolien est aussi une opportunité économique pour la Bretagne, puisque plus de 1200 emplois y étaient déjà recensés en 2021. Avec le soutien des citoyens, des investisseurs publics et privés, une filière durable de l’éolien peut être construite, permettant de mettre en œuvre la transition énergétique.